Lettre Ouverte des participantes de la Conférence Internationale, Beyrouth, 12Juin 2011
TO:
THE HEADS OF ARAB AND EU STATES
THE UN SECRETARY GENERAL MR. BAN KI-MOON
THE UNDER SECRETARY GENERAL UN WOMEN MS. MICHELLE BACHELET
THE USA PRESIDENT MR. BARACK OBAMA
THE SECRETARY OF STATE OF USA MS. HILARY CLINTON
THE PRESIDENT OF EUROPEAN COMMISSION MR. JOSE MANUEL BARROSO
THE VICE-PRESIDENT OF THE EUROPEAN COMMISSION AND HIGH REPRESENTATIVE OF THE UNION FOR FOREIGN AFFAIRS AND SECURITY POLICY AND MS. CATHERINE ASHTON
PAS DE DEMOCRATIE SANS LE RESPECT DES DROITS DES FEMMES
PAS DE DEMOCRATIE SANS EGALITE ENTRE LES FEMMES ET LES HOMMES
Plus de 80 militant –e-s pour les droits des femmes venues du Maghreb, du Mashrek et d’ Europe ont participé a Beyrouth les 10 et 11 juin 2011 à la Conférence Internationale sur “ Le Rôle des organisations et des mouvements de femmes dans les processus de transition vers la démocratie “ pour analyser le rôle des femmes pendant les révolutions et soulèvements dans le monde arabe et dans les phases historiques de transition vers la démocratie, partager les expériences et réaffirmer l’engagement et le pouvoir des femmes dans ces processus.
Nous vivons des moments historiques. Les peuples se soulèvent dans le monde Arabe contre les dictatures et la corruption, ils exigent des réformes et s’organisent pour leur liberté, leur dignité et pour la justice sociale. Les femmes ont assumé leurs responsabilités dans tous ces mouvements en Tunisie, en Egypte, en Irak, en Jordanie, en Libye, au Yemen, à Bahrain et en Syrie. Les mouvements des femmes sont une partie intégrante des forces démocratiques qui luttent pour la justice sociale et économique. Mais les femmes sont systématiquement exclues des processus de décision qui dessinent le futur de leurs pays. Soulignant la permanence de cette marginalisation et exclusion délibérée, les participantes à la conférence ont remis en question la notion actuelle de démocratie.
Toutes les formes d’oppression, tous les actes de répression armée et les massacres qui visent à soumettre les mouvements pour le progrès social; toutes les formes de violence exercées contre les femmes, de l’insulte jusqu’au viol pour les réduire au silence ont été condamnés avec force. Les interventions militaires, les réponses militaires aux conflits n’ont jamais empêché ni fait cesser les violences sexuelles contre les femmes.
La domination des femmes ne peut être isolée des autres formes d’oppression. Les structures patriarcales de domination de genre qui sous tendent la subordination des femmes sont très
Lettre Ouverte des participantes de la Conférence Internationale, Beyrouth, 12Juin 2011
prégnantes pendant ces périodes de transition. La conférence a souligné le lien entre les régimes politiques conservateurs, les systèmes économiques ultra- libéraux qui les soutiennent et les structures masculines des partis politiques qui n’intègrent jamais les droits des femmes comme une question politique à part entière. Les mouvements conservateurs font front avec les mouvements religieux fondamentalistes pour s’opposer au droit des femmes à être des citoyennes à part entière et à vivre sans violence.
L’établissement d’Etats de droit et de lois civiles, y compris les lois sur la famille et les lois sur le statut personnel sont des pré-requis à la mise en oeuvre de l’égalité entre les femmes et les hommes. La justice sociale et la démocratie sont le seul moyen d’empêcher le déferlement de la vague intégriste sur les scènes politiques.
L’UE soumet les droits humains dans les politiques européennes de proximité aux intérêts économiques et à la recherche du profit et conditionne le développement aux règles politiques néo- libérales. L’hégémonie politique, militaire et économique des Etats Unis, l’interférence, les invasions et occupations nuisent au développement démocratique de la région. La démocratie ne peut pas servir de bannière pour justifier les interventions militaires et les invasions. Les participantes ont réitéré leur refus de l’usage de la force armée et toutes attaques contre les populations civiles comme moyens de résoudre les conflits.
La Conférence a exprimé son total soutien aux actions de résistance des mouvements des femmes dans tous les pays et réaffirmé la solidarité internationale des participant-e-s avec les luttes nationales pour des changements sociaux et politiques respectueux des droits des femmes et de l’égalité entre les femmes et les hommes.
Les participant-e-s à la conférence:
Exigent l’intégration du principe d’égalité entre les femmes et les hommes dans toutes les Constitutions nationales, dans toutes les instances et structures politiques et dans les programmes des partis politiques pour garantir la prise en compte dans les futures politiques des droits des femmes comme principe fondamental et l’égalité comme valeur fondatrice.
Exigent l’introduction des mesures positives pour la représentation des femmes dans les positions de pouvoir dans les sphères politiques et économique ,telles que des quotas d’un minimum de 30% , étape nécessaire pour mettre en cause et compenser le déficit de démocratie et favoriser l’expression et l’intégration des besoins des femmes.
Lettre Ouverte des participantes de la Conférence Internationale, Beyrouth, 12Juin 2011
Exhortent les chefs de gouvernements à garantir une législation et des codes de la famille basés sur le droit civil et le respect des droits des femmes, sans intrusion des religions dans les sphères publique, politique et législative; à prendre des mesures urgentes pour transformer les systèmes éducatifs basés sur des stéréotypes patriarcaux et agir sur les modèles culturels qui perpétuent la domination des femmes dans les sphères publique et privée. Les droits des femmes sont des droits humains universels. Aucune atteinte à l’intégrité physique et psychologique des femmes au nom de la tradition, de la culture ou de la religion ne peut être tolérée.
Condamnent la violence structurelle exercée contre les femmes et les filles sous toutes ses formes: physique, sexuelle, psychologique, économique, institutionnelle et sociale et demandent au Conseil de Sécurité de l’ONU, à l’ONU Femmes et aux gouvernements nationaux d’agir en urgence pour promouvoir et adopter des lois contraignantes instaurant le zéro tolérance pour les agresseurs.
Exhortent L’UE à baser ses partenariats futurs sur le plein respect des droits fondamentaux des femmes et des hommes et à développer des outils sérieux et fiables pour contrôler leur application comme le prescrit l’article 2 des Politiques Européennes de Proximité. L’UE doit prendre la responsabilité de n’accorder aucun statut privilégié avec un Etat voisin du Sud dans lequel ces droits sont violés.
Demandent au gouvernement Américain de mettre un terme à toute occupation et exigent la mise en oeuvre immédiate du processus de démilitarisation.
Demandent au Président Barack Obama et à la Secrétaire d’Etat Hilary Clinton que le gouvernement des Etats-Unis mette fin à leur soutien inconditionnel aux dirigeants Israéliens et choisissent le camp de la justice et de la liberté pour tous.
Demandent instamment la reconnaissance d’un état Palestinien indépendant et souverain dans les frontières d’avant 1967 avec Jérusalem Est comme capitale et le respect du droit des Palestiniens au retour comme une étape nécessaire et une condition préalable à la mise en oeuvre d’un processus de paix transparent et participatif au Moyen Orient apte à faciliter les transitions démocratiques et à renforcer le respect des droits fondamentaux des femmes et des hommes.
Fait à Beyrouth le 12 juin 2011
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